Une blessure par blast dans un contexte de traumatisme civil est associée à un retard dans le diagnostic de lésion cérébrale traumatique
Les ondes de haute pression (blast) représentent la majorité des blessures de combat et sont de plus en plus fréquentes dans les attaques terroristes. À notre connaissance, il n’existe pas de données évaluant l’épidémiologie des blessures par blast dans un contexte domestique non terroriste. Les données ont été analysées rétrospectivement sur les patients admis pour tout type de blessure par explosion sur une période de 10 ans dans un centre de traumatologie urbain très fréquenté. Les blessures ont été classées selon l’étiologie de l’explosion et la localisation anatomique. Quatre-vingt-neuf cas de blessures par explosion ont été identifiés sur 57 392 patients (0,2 %) traités pendant la période d’étude. La majorité des patients étaient des hommes (78%) avec un âge moyen de 40 +/- 17 ans. Le score moyen de gravité des blessures était de 13 +/- 11, avec un score de gravité des traumatismes et des blessures à l’admission de 0,9 +/- 0,2 et un score de traumatisme révisé de 7,5 +/- 0,8. La durée moyenne du séjour en unité de soins intensifs et à l’hôpital était de 2 +/- 7 jours et de 4,6 +/- 10 jours, respectivement, avec un taux de mortalité global de 4,5 %. L’explosion d’une habitation privée était l’étiologie la plus fréquente, suivie par le souffle de pression industriel, l’explosion de gaz industriel, l’explosion liée à l’entraînement militaire, l’engin explosif domestique et l’explosion de feux d’artifice. Les blessures maxillo-faciales étaient les plus fréquentes (n = 78), suivies des blessures orthopédiques des membres supérieurs (n = 29), des blessures à la tête (n = 32), des blessures abdominales (n = 30), des blessures orthopédiques des membres inférieurs (n = 29) et des blessures thoraciques (n = 19). La majorité des patients ayant subi un traumatisme crânien présentaient un score de 15 sur l’échelle de Glasgow. Le scanner réalisé à l’admission était initialement positif pour un traumatisme crânien chez 14 des 28 patients (50 %). Sept patients (25 %) qui n’avaient pas subi de tomodensitométrie à l’admission en ont subi une plus tard au cours de leur hospitalisation en raison d’un changement d’état mental et ont obtenu un résultat positif pour une lésion cérébrale traumatique (LCT). Trois patients (11 %) ont eu un scanner négatif à l’admission, puis un scanner positif pour un TBI dans les 48 heures suivantes. Les quatre autres patients (14 %) ont été diagnostiqués avec des fractures du crâne. Tous les patients (n = 4) dont le score d’admission sur l’échelle de Glasgow était inférieur à 8 sont décédés d’une lésion axonale diffuse. Le traumatisme crânien est un processus pathologique complexe, qui peut évoluer dans le temps, en particulier dans le cas d’un TBI. Le taux de blessure manquée pour les TBI chez les patients ayant un score de 15 sur l’échelle de Glasgow Coma était de 36 %. D’autres études sont nécessaires dans le domaine des blessures par explosion pour mieux comprendre ce processus pathologique.