Racines Edemateuses
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Bien que François Hallopeau ait formalisé l’arrachage compulsif des cheveux comme un trouble reconnu à la fin des années 1800, plus d’un siècle d’études n’a pas augmenté notre compréhension de ce trouble. Pour toutes les études d’imagerie cérébrale, les nouveaux médicaments psychiatriques et la création d’un groupe consultatif médical et de réseaux de soutien, la trichotillomanie continue de mystifier la science dans ses causes, sa classification et son traitement.
Je crois que c’est parce que nous ne posons pas les bonnes questions.
Bien que la trichotillomanie puisse facilement faire l’objet de recherches sur Internet, au moins une caractéristique rapportée de manière anecdotique a été si peu prise en compte, sans documentation ni photos d’aucune sorte, qu’un groupe d’arracheurs a dû inventer un terme pour ce qui avait été appelé « racines grasses ». Le terme convenu était « racines œdémateuses », « œdème » se référant à quelque chose de gonflé avec une accumulation excessive de liquide.
Une racine œdémateuse est une gaine épaisse et huileuse qui existe sous-cutanée et couvre les extrémités inférieures des poils individuels. Étant sous la surface de la peau, la gaine n’est révélée qu’une fois le poil extrait, à condition qu’elle ne se détache pas au cours du processus d’arrachage. Dans mon expérience et comme rapporté de manière anecdotique par d’autres arracheurs que je connais, les racines œdémateuses n’existent pas sur chaque mèche de cheveux mais ont tendance à exister en grappes ; de cette manière, une section du cuir chevelu (ou du corps) peut être criblée de racines œdémateuses alors qu’une autre section n’en aura pas.
Les racines œdémateuses n’ont jamais été abordées et, de manière effroyable, jamais même reconnues de manière scientifique. J’ai lu l’histoire d’une épileuse qui a signalé cette condition à un médecin faisant partie d’un groupe d’experts sur la trichotillomanie, et elle a été accusée d’inventer l’expérience, avec la suggestion que tout était dans sa tête. Comme il n’existe aucune documentation légitime sur cette condition, il n’est pas clair si les arracheurs sont plus enclins à cette condition que les non-arracheurs, mais les arracheurs ont déclaré avoir et même rechercher ces types de racines bulbeuses.
Les arracheurs ont rapporté diverses caractéristiques de ces racines.
- La gaine est opaque ou claire, et on peut voir les poils courir en son centre.
- La gaine peut alternativement être ratatinée ou dodue, comme prête à éclater.
- Les dodues éclatent parfois lorsqu’on les écrase, avec un bruit d’éclatement audible et un sillage d’huile de forme triangulaire.
- La racine/gaine présente une tache de pigmentation sombre (et parfois de sang) à l’extrémité.
- Les racines sont collantes, et si on les laisse sécher sur une surface, elles peuvent ne pas s’enlever facilement, laissant une petite tache sombre derrière elles.
- On s’intéresse parfois à la froideur de la racine.
- Il y a une tendance à mettre la racine contre les lèvres peut-être pour accentuer la température, le goût ou l’odeur, ou les trois.
- L’odeur, l’aspect et le toucher des racines ont une qualité sensuelle et séduisante.
- Les gens mangent parfois les racines ou le poil entier (connu sous le nom de trichphagie).
Pour moi, ces racines gainées sont une cause de réjouissance. Quand j’en arrache une, je ressens le frisson cathartique de la découverte d’un trésor enfoui, suivi de la volonté gourmande d’en découvrir d’autres. Lorsque je creuse dans la même zone et que je trouve plusieurs de ces « grosses racines », c’est la fête jusqu’à ce que je réalise que je viens de m’offrir une calvitie d’un pouce de diamètre. D’autre part, le fait de ne pas trouver de racines œdémateuses a tendance à me décourager d’arracher.
Une de mes amies, Lyn, a fait une présentation sur la trichotillomanie dans le cadre d’une série de performances artistiques et l’a enregistrée sur vidéo. Elle a dit :
J’ai regardé mes cheveux, et voilà qu’il y avait du présent à leur extrémité. C’était un bijou. C’était comme une opale, pas tout à fait un diamant, mais quelque chose de chaud et de translucide. Je l’ai tenu en l’air. Tout le monde est encore en train de faire son test ; j’avais fini depuis longtemps. Ce jour-là, j’ai mal orthographié « bicyclette ». Je n’oublierai jamais ce jour pour ceci et cela. Mais ce cadeau, ce petit bijou, il semblait caoutchouteux. Je l’ai essayé contre mes lèvres. Je ne sais pas pourquoi, tout le monde le fait, non ? Il avait cette texture incroyable. Elle ne m’a pas rebuté, elle m’a fasciné. J’ai essayé à nouveau. Cette fois, le bijou avait une petite pointe noire. À ce moment-là, j’étais accroché. J’avais trouvé la meilleure drogue que je n’utiliserai jamais, le plus grand plaisir que j’aurai jamais. Enfin, jusqu’à ce point du moins.
Tous les arracheurs n’ont pas des racines œdémateuses ou même ne les préfèrent pas nécessairement. D’après mes observations, il semble que pour la plupart des arracheurs, l’état de la racine du poil fait partie intégrante de l’expérience d’arrachage. J’aimerais documenter formellement l’existence de ces racines œdémateuses. Je veux déterminer leur fréquence chez les arracheurs et les non-arracheurs établir les causes de la pathologie (si c’est effectivement une pathologie) et découvrir à quel point cette condition est significative de la condition d’arrachage compulsif des cheveux.
J’aimerais également savoir à quel point il est courant en général que le follicule pileux saigne lorsqu’un cheveu est extrait, et si le saignement pourrait indiquer un problème.
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