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Mai 4, 2021
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Discussion

L’hémotympanum est décrit comme la présence de sang dans la cavité de l’oreille moyenne dans le cadre d’une membrane tympanique intacte. Dans le cas de l’hémotympan, la membrane tympanique concernée peut apparaître de couleur rouge ou bleu foncé à presque noire selon l’âge du sang.1-3 La présence de sang dans la cavité tympanique peut entraîner une perte auditive de transmission ou mixte.4,5 Les patients se plaignent généralement d’une diminution aiguë de la capacité à entendre dans l’oreille affectée. Ils peuvent également se plaindre d’une plénitude auditive et, à l’occasion, d’une otalgie.6

Les fractures basilaires traumatiques du crâne sont les causes les plus fréquemment rapportées de l’hémotympan.1,2 Parmi les autres causes connues de l’hémotympan, citons le bourrage nasal thérapeutique, l’épistaxis, l’otite moyenne chronique avec épanchement, les dyscrasies sanguines et l’anticoagulation.1-5 L’hémotympan bilatéral spontané est un événement rarement rapporté dans la littérature. Actuellement, il n’existe que trois cas dans la littérature décrivant un hémotympan bilatéral spontané, tous deux concernant des enfants atteints de purpura thrombocytopénique idiopathique (PTI). Dans un rapport, on a émis l’hypothèse qu’une augmentation soudaine de la pression de l’oreille moyenne causée par la toux ou les éternuements pouvait être à l’origine de l’hémotympan bilatéral dans le cadre d’un PTI7. Les deux patients avaient une numération plaquettaire inférieure à 5 × 109/L7,8. Le troisième cas3 a reçu un traitement anticoagulant et ses taux d’INR se situaient entre 3,4 et 4,0.

Un dysfonctionnement de la trompe d’Eustache a été impliqué dans la formation d’un hémotympan bilatéral spontané dans le cadre d’une épistaxis.4 Le bourrage nasal thérapeutique peut provoquer un dysfonctionnement de la trompe d’Eustache en favorisant la stase périlymphatique. De plus, on pense qu’une trompe d’Eustache patuleuse joue également un rôle en permettant un flux rétrograde de sang dans la trompe d’Eustache lors d’un épisode d’épistaxis.4

Chez ce patient, les complications pouvant entraîner des saignements, comme le syndrome de lyse tumorale, n’ont pas été confirmées. Le syndrome myélodysplasique a également été inclus dans le diagnostic différentiel en raison de la présence d’une anémie (hémoglobine = 98 g/L et globules rouges = 3,05 ). Cependant, l’absence de neutropénie (neutrophiles = 8,4 109/L), ainsi que l’absence de granulocytes anormaux n’ont pas permis d’étayer le diagnostic. Le fibrinogène était normal (3,2 g/L), et les valeurs normales de laboratoire se situaient entre 1,9 et 4,1 g/L. Par conséquent, une coagulation intravasculaire disséminée a également été exclue.

Ceci est le premier rapport dans la littérature d’un hémotympan bilatéral spontané secondaire à une thrombocytopénie induite par la chimiothérapie. Les patients recevant une chimiothérapie d’induction pour une leucémie aiguë connaissent une thrombocytopénie prolongée en raison des effets cytotoxiques du traitement.9 Cependant, le risque de saignement spontané n’est pas toujours prédit avec précision par le degré de thrombocytopénie. Rebulla et al ont constaté que les patients dont le nombre de plaquettes se situe entre 5 × 109/L et 20 × 109/L présentent un risque significativement accru de saignement, en fonction de la présence de certains facteurs de risque.10 Notre patient avait un nombre de plaquettes de 10 × 109/L, un nombre qui se situe dans cette fourchette. En l’absence d’antécédents de traumatisme, d’autres sources de saignement dans la tête, de médicaments ototoxiques et d’hématurie spontanée, l’hémotympan bilatéral observé est très probablement dû à une hémorragie directe dans l’oreille moyenne ou à une thrombocytopénie sévère. La présence d’un petit hématome sous-dural isolé chez ce patient, un événement rare dans les hémorragies aiguës, représente un autre lieu d’hémorragie spontanée et apporte un soutien supplémentaire à cette hypothèse.11

Le traitement de l’hémotympan est principalement conservateur, car son évolution est autolimitée.1-3,5,8 Les patients peuvent se voir prescrire des antibiotiques à titre prophylactique pendant 10 à 14 jours ou jusqu’à ce que l’hémotympan soit résorbé, ce qui devrait se produire dans le mois suivant la présentation initiale.1,3,7 Le pronostic global du traitement conservateur est bon. L’audition est rétablie à la normale ou à des limites acceptables après la résorption du sang dans la cavité de l’oreille moyenne.4,8 Chez les patients présentant une surdité de transmission après un traumatisme crânien, Grant et al ont rapporté une réduction des écarts air-os de 23,1 ± 11,0 à 10,0 ± 8,0 décibels en moyenne sans qu’il soit nécessaire de recourir à des interventions procédurales.5

Chez les patients qui ne vont pas bien et qui présentent des morbidités Co et des diagnostics sérieux comme notre patient, il est important de rassurer les patients sur le fait que leur hémotympan est une affection autolimitée et que leur perte auditive se résorbera probablement de manière conservatrice sans qu’une intervention chirurgicale soit nécessaire. Les médecins traitants, armés des résultats rapportés de cette affection, peuvent adopter en toute confiance une approche conservatrice vigilante sans risquer d’être accusés d’être trop réticents à intervenir chirurgicalement. Cependant, certains auteurs suggèrent la myringotomie et l’insertion de tubes de tympanostomie pour une perte d’audition qui persiste pendant plus d’un mois.1,2

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