Le Père Fouettard : Le cannibale de Noël français qui sert le Père Noël

Oct 25, 2021
admin

Le Père Noël est devenu la figure internationale dominante des fêtes de fin d’année. Il pourrait bien être considéré comme la tête d’affiche, mais le personnage est né d’une synthèse de traditions historiques, folkloriques et religieuses remontant à des centaines d’années. Il existe un nombre incroyable de variations du personnage au cours de l’histoire et pratiquement aucun pays n’a opté pour la même itération ou le même ensemble de coutumes. L’une des plus folles est sans aucun doute le Père Fouettard du nord et de l’est de la France, une sorte d’anti-Père Noël.

Au cours du mois de décembre et en janvier, une foule de traditions se perpétuent, sans vraiment s’opposer à ce qui est devenu une forme largement sécularisée (ni le Père Noël ni Saint-Nicolas n’ont rien à voir avec l’histoire de la Nativité), mais très investies dans la façon dont leur région conçoit les rites de l’hiver, la distribution de cadeaux et le patrimoine folklorique. Ironiquement peut-être, notre histoire de Yuletide commence en Turquie. En effet, une date très importante dans la préparation de Noël est la fête de Saint-Nicolas (270-343 après J.-C.), le 6 décembre. Né de parents grecs sur la côte sud à Patare, l’évêque de Myre, au IVe siècle, est devenu connu et vénéré comme le saint patron et le protecteur des enfants.

Père Fouettard châtie un petit enfant sur cette carte postale française
Père Fouettard châtie un petit enfant sur cette carte postale française

Dans toute l’Europe, les traditions veulent que des êtres monstrueux accompagnent St. Nicolas dans ses tournées, soit sous la forme de couples mal assortis (Krampus, Necht Ruprecht, Schmutzli), soit sous la forme de méchants isolés (comme la sorcière Frau Perchta en Autriche et la menace féline Jólakötturin en Islande). Comme des mafieux qui font le sale boulot de leur patron, Krampus et Le Père Fouettard se lancent dans la nuit froide de décembre pour s’occuper des enfants qui ont été vilains. Ils sont plus susceptibles de parer les couloirs d’entrailles de houx que de branches de houx. Oubliez les gentils elfes, le gros bonhomme avec une grande barbe touffue, les rennes au nez rouge et les traîneaux magiques. Les enfants ont le choix : des cadeaux ou une bonne raclée avec un sac de cendres (selon une version de l’histoire). Si vous avez trop fait la gueule à vos parents au cours de l’année ou si vous ne dites pas vos prières, il est possible qu’une éviscération soit tout ce qui vous attende. En ce qui concerne les tactiques de coercition, c’est mieux que la méthode de la carotte et du bâton, celle-ci vous terrifie essentiellement pour que vous soyez sage.

Dans le Nord-Pas-de-Calais, la Lorraine et le sud de la Belgique (Wallonie), la nuit du 5 décembre, Saint Nicolas laisse des chocolats et des bonbons dans les chaussures pour ceux qui ont dit leurs prières, ont été gentils avec leurs parents et ont fait leurs devoirs toute l’année. Si Krampus et Pierre le Noir (Zwarte Piet) ont fait l’objet de films récents (Krampus en 2015, Sint en 2010), l’histoire du Père Fouettard est d’un tout autre niveau de folie et de méchanceté. Il n’y a pas beaucoup de contes saisonniers (lire : aucun) centrés sur le cannibalisme, l’infanticide et les enfants zombies. Mais celui-ci le fait.

Une carte postale française plutôt morne montrant le Père Fouettard
Une carte postale française plutôt morne montrant le Père Fouettard

Alors, comment un personnage effrayant avec un nom encore plus effrayant – le Père Fouettard ? – s’inscrit-il dans la tradition de la Saint-Nicolas ? Il existe plusieurs histoires d’origine qui ont été popularisées. L’une est entièrement apocryphe et l’autre est aussi peut-être fictive, mais trouve ses racines dans un siège médiéval du 16ème siècle dans la ville orientale de Metz. Toutes deux sont d’origine médiévale.
La première, qui a commencé à être racontée vers 1150, implique un boucher maléfique qui a enlevé trois enfants perdus, les a assassinés en leur tranchant la gorge, a découpé la viande et l’a mise dans un saloir. Hélas, Saint-Nicolas se présenta à la porte et le boucher tenta de s’attirer les bonnes grâces de son saint visiteur en lui offrant sa meilleure viande. Au lieu de cela, Saint Nicolas ressuscite les garçons d’entre les morts et les renvoie à leurs parents. Voyant une opportunité pour le boucher de se repentir de ses péchés, celui-ci devient le Père Fouettard, une sorte de serviteur éternel, qui agit essentiellement comme le mauvais flic du bon flic de Saint Nicolas.

Une autre variante intéressante du Père Fouettard se rapporte au siège de Metz de 1552-53, qui fait partie de la guerre entre la France d’Henri II et le Saint Empire romain germanique. Les combats ont duré de 1551 à 1559. Pendant la période des fêtes, les habitants décident de brûler une effigie de l’empereur du Saint-Empire romain germanique, Charles Quint, et la traînent dans les rues. Un groupe de tanneurs a créé le personnage du Père Fouettard et a basé son apparence physique sur l’effigie brûlée.

Charles V à cheval à Mühlberg. Titien, 1548, Museo del Prado, Madrid, Espagne
Charles V à cheval à Mühlberg. Titien, 1548, Museo del Prado, Madrid, Espagne

Pourquoi le nom de Sade-like ‘Father Whipper’ ? Le Père Fouettard est souvent représenté ou décrit comme une brute à l’air ébouriffé, vêtue d’une robe noire, portant une barbe noire ou rousse, qui porte un martinet (un fouet en forme de fléau) prêt à distribuer des coups aux enfants méchants. On dirait qu’il sort d’un film d’horreur et qu’il fait partie des cauchemars. Mais en réalité, c’est l’idée de ne pas recevoir de cadeaux de Saint-Nicolas qui est l’émotion dominante. Imaginez à quel point vous vous sentiriez exclu, si vous receviez un morceau de charbon alors que tous vos amis sont sous l’emprise d’un doux rush de sucre…

Il y a une ligne de fond culturelle, sociale et religieuse dans toutes ces traditions populaires : Respectez la ligne, dites vos prières, soyez gentil avec vos parents et vous serez récompensé. Sinon… vous feriez mieux de faire attention !

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