La fécondité de rester connecté – Un sermon sur Jean 15:1-8, Pâques 5B
La collecte et les lectures pour le cinquième dimanche de Pâques peuvent être trouvées ici. Le sermon suivant est basé sur Jean 15:1-8.
Certaines branches produisent des fruits et sont taillées, soignées et entretenues. Certaines branches ne produisent pas de fruits et sont enlevées, jetées et brûlées.
Nous sommes un peuple de productivité. C’est, pour la plupart, la norme selon laquelle nous vivons et la mesure de notre succès. Elle est intégrée partout dans nos vies. La productivité est la base de notre système économique. Ceux qui produisent sont récompensés et obtiennent plus. Ceux qui ne produisent pas sont mis à la porte. Dans notre système éducatif, les étudiants qui réussissent et produisent sont reconnus et soutenus, tandis que ceux qui ne produisent pas sont perdus dans le système. Les professeurs connaissent bien le mantra « Publier ou périr ». Les carrières et les promotions sont basées sur la productivité. La productivité, à un certain niveau, est au cœur des débats sur la pauvreté, l’aide sociale, les soins de santé et les personnes âgées. « Ils » ne produisent pas et nos soins à leur égard et pour eux reflètent souvent ce que nous pensons de cela.
Nous avons été convaincus que la productivité est l’objectif et que seuls les plus aptes survivent. Je me demande si ce n’est pas ainsi que beaucoup d’entre nous vivent leur vie spirituelle. Combien d’entre nous se sont fait dire, sous une forme ou une autre, ou en sont venus à croire que les branches taillées vont au ciel et que les branches enlevées vont en enfer ? Les branches taillées ont produit donc elles sont récompensées tandis que les branches non productives sont punies.
Dans cette (mauvaise) compréhension le fruit est la demande de Dieu sur notre vie et le moyen par lequel nous apaisons Dieu. Si nous ne faisons pas attention, nous resterons coincés à nous catégoriser, nous et les autres, en branches porteuses de fruits ou non porteuses de fruits. Il y a, cependant, une question plus profonde que la production de fruits. La productivité ne crée généralement pas de relations profondes et intimes. Elle crée des transactions. Jésus ne parle pas de productivité et ne l’exige pas. Il veut et offre la connectivité, la relation et l’intimité.
Le fruit ou son absence est une manifestation de notre vie intérieure et de notre santé. Il décrit et révèle si nous vivons des vies connectées ou déconnectées. La production de fruits est la conséquence naturelle de rester connecté. Vous pouvez le constater dans les amitiés à long terme, les mariages, la loyauté communautaire. Nous ne choisissons pas si nous produisons des fruits ou non. Nous choisissons cependant où nous demeurons et comment nous restons connectés.
Vous savez comment c’est. Parfois, nous perdons le contact avec une personne en particulier. Nous ne savons plus où il ou elle est, ce qu’il ou elle fait, ou ce qui se passe dans sa vie. Un jour, nous tombons sur lui ou elle. C’est un peu gênant. Personne ne sait quoi dire. Il n’y a pas grand-chose à dire. Il n’y a pas eu de présence profonde, la connexion est perdue, et on a l’impression que ce qui était a été jeté. Avec d’autres personnes, nous nous retrouvons après cinq ou dix ans et la conversation reprend immédiatement là où nous nous étions arrêtés il y a tant d’années. Même si nous étions séparés, nous ne nous sommes jamais quittés. Il y avait et il y a toujours un lien et un maintien mutuel que le temps, la distance et les circonstances de la vie ne peuvent pas couper.
« Quel fruit est-ce que je produis ? ». « Quelle quantité ? » « Est-il d’une qualité acceptable ? » Ce sont de bonnes questions si nous les comprenons et les posons de manière diagnostique, comme des questions portant non pas sur la quantité de notre vie mais sur la qualité de notre vie. C’est ce que Jésus recherche. C’est la question la plus profonde qu’il pose. C’est l’invitation à se joindre à la conversation, à entrer dans le jeu, à participer et à vivre pleinement. Cela ne se produit que lorsque la vie, l’amour, la bonté et la sainteté du Christ coulent en nous. Nous devenons une extension de sa vie, de son amour et de sa sainteté, et nous les manifestons.
C’est une relation d’union, tout comme le sarment est uni à la vigne. Nous vivons notre vie comme un seul être. Il ne s’agit pas seulement de la relation avec Jésus ; elle affecte et est la base de nos relations les uns avec les autres. L’amour pour Jésus, pour les autres et pour nous-mêmes devient un seul amour. Nous découvrons rapidement que nous vivons une seule vie et que le fruit de cette vie et de cet amour est abondant, débordant, et glorifie le Père.