Importance des apoprotéines A1 et B comme marqueurs de risque cardiovasculaire
Lettres au directeur
Importance des apoprotéines A1 et B comme marqueurs de risque cardiovasculaire
L’importance des apoprotéines A1 et B comme marqueurs de risque cardiovasculaire
Monsieur le directeur:
Les maladies cardiovasculaires constituent un problème majeur de santé publique à l’âge adulte. La maladie coronarienne est l’une des principales causes de décès et de consommation de produits de santé dans les pays développés.
L’Espagne est un pays méditerranéen avec une faible mortalité coronarienne, mais des études récentes ont montré que la prévalence des facteurs de risque n’est pas significativement différente de celle trouvée dans d’autres sociétés occidentales avec une mortalité beaucoup plus élevée (1), indiquant l’existence d’un paradoxe évident entre les deux réalités de mortalité relativement faible et de prévalence des facteurs de risque relativement élevée (2).
Étant donné que les altérations athérosclérotiques prennent naissance relativement tôt dans la vie, il serait du plus haut intérêt d’identifier des marqueurs biochimiques précoces, afin d’effectuer un traitement correctif des altérations néfastes du profil lipidique.
Évidemment, il y a un grand nombre de substances à considérer, mais brièvement, il semble intéressant de réfléchir aux apoprotéines A1 et B, comme marqueurs du risque cardiovasculaire.
Les apoprotéines permettent le transport des lipides dans le compartiment intravasculaire et extravasculaire.
Parmi les différents types d’apoprotéines, nous citerons principalement l’apo B et l’apo A1.
La capacité à stimuler le transport des lipides par les HDL semble être exclusive à l’apoA1 (3). Ce processus permet aux HDL d’éliminer rapidement et efficacement l’excès de cholestérol et de le stocker sous forme d’ester de cholestérol. Le transport du cholestérol par les HDL des cellules extra-hépatiques vers le foie pour être éliminé par la bile est en grande partie responsable de l’effet protecteur de cette lipoprotéine contre l’athérosclérose (3,4).
Lors de la conversion des VLDL en LDL, l’apoB subit un changement de conformation qui va permettre aux LDL de se lier à son récepteur et de quitter la circulation.
Des concentrations élevées d’apo B ont été associées à l’hyperinsulinémie et à la résistance à l’insuline (5-7).
Chez les enfants et les adolescents obèses, il a été rapporté que dans les cas où les taux de cholestérol total sont dans les limites normales, les rapports cholestérol total/HDL-cholestérol, LDL-cholestérol/HDL-cholestérol et apoB/apo A1 sont souvent élevés par rapport aux adolescents non obèses, montrant une diminution relative du HDL-cholestérol (5,6).
Les taux d’apoprotéine B et A1 sont mesurés par immunoturbimétrie, les valeurs de référence pour l’apo A1 étant de 115 à 220 mg/dl et pour l’apoB de 60 à 138 mg/dl (6).
Des taux élevés d’apo A1 sont négativement associés à l’indice d’obésité, un indice de risque cardiovasculaire faible, et positivement associés aux taux de cholestérol HDL.
A leur tour, des taux élevés d’apo B sont positivement associés aux taux de cholestérol total et de cholestérol LDL, ce qui indiquerait un risque cardiovasculaire plus élevé. Ce groupe de patients présente souvent des taux de triglycérides plus élevés, des taux d’insuline basale plus élevés et des taux de cholestérol HDL plus faibles.
Une augmentation modérée des triglycérides peut modifier le contenu en cholestérol des particules HDL.
Plusieurs études ont montré qu’il existe des sous-espèces de ces lipoprotéines ayant des propriétés biochimiques et métaboliques différentes(8). Ainsi, on a décrit une sous-espèce de LDL plus petite et plus dense, appelée phénotype athérogène, qui est associée à des taux élevés de triglycérides VLDL et d’apo B et à de faibles taux de cholestérol HDL et d’apo A1. Il est clair que toutes ces molécules séparément sont liées à l’apparition précoce de la maladie coronarienne (9).
Certaines études suggèrent même que plus importante que le taux de cholestérol HDL est leur composition en apoprotéine A1 (9), ce qui montrerait l’intérêt de ces apoprotéines.
Cependant, ces biomarqueurs ne sont pas actuellement indiqués dans la pratique clinique courante, et d’autres études cliniques randomisées sont nécessaires pour analyser les changements dans les niveaux de ces apolipoprotéines dans différentes situations cliniques (10).
F. M. Sánchez, M. I. Albo Castaño, S. Casallo Blanco, A. Vizuete Calero, L. de Matías Salces
Service de médecine interne. Hôpital Nuestra Señora del Prado. Talavera de la Reina. Toledo
1. Ballesteros Pomar MD, Rubio Herrero MA, Gutiérrez Fuentes JA, Gómez Guerique JA, Gómez de la Cámara A, Pascual O, et al. Dietary, Habits and Cardiovascular Risk in Spanisch Population. L’étude DRECE(II). Apport en micronutriments. Ann Nutr Metab 2000 ; 44 : 177-82.
2. Gómez de la Cámara A, Rubio-Herrera MA, Gutiérrez Fuentes JA, Gómez Guerique JA, del Campo J, Jurado Valenzuela C, et al. Mortalité dans l’étude DRECE-III (Diet and Cardiovascular Disease Risk in Spain). Clin Invest Arterioscl 2007 ; 19 (Supl.) : 5 : 20-3.
3. Oram JF, Yokoyama S. Apolipoprotein mediated removal of celular colesterol and phospholipids. J Lipid Res 1996 ; 37 : 2473-91. 5. Luc G, Bard JM, Ferrieres J, Evans A, Amouyel P, Arveiler D. Valeurs du cholestérol HDL, de l’apolipoprotéine A1 et de la lipoprotéine A1 et de la lipoprotéine AI/AII dans la prédiction de la maladie coronarienne. L’étude PRIME. Atheroscler Thromb Vasc Biol 2002 ; 22 : 1155-60. 6. Marcovina S, Packard CJ. Mesure et signification des taux plasmatiques d’apolipoprotéine A1 et d’apolipoprotéine B. J Intern Med 2006 ; 259 : 437-46. 7. Reaven GM, Chen YD, Leppesen J, Maheux P, Krauss RM. Résistance à l’insuline et hyperinsulinémie chez les personnes ayant de petites particules denses de lipoprotéines de basse densité. J Clin Invest 1993 ; 92 : 141-2. 8. Bertiere MC, Fumeron F, Regaud D, Apfelbaum M, Guard-Globa A. Faible concentration de lipoprotéines de haute densité 2 chez les sujets masculins obèses. Atherosclerosis 1988 ; 73 : 57-61. 9. Koening W. Marqueurs de risque du laboratoire d’athérosclérose aujourd’hui : recherche et application clinique. Clin Invest Arterioscl 2007 ; 19 (Supl. 5) : 39-42. 10. Koening W, Khuseyinova N. Biomarqueurs de l’instabilité et de la rupture de la plaque athérosclérotique. Arterioescl Thromb Vasc Biol 2007 ; 27 : 15-26.