Félicette

Jan 8, 2022
admin

Sélection et entraînementEdit

En 1963, le Centre d’Enseignement et de Recherches de Médecine Aéronautique (CERMA) a acheté 14 chats à un animalier pour les tests, les animaux individuels étant sélectionnés en fonction de leur tempérament ; tous les chats étaient des femelles, pour leur comportement plus calme. Les chats n’ont pas été nommés avant le lancement afin de réduire la probabilité que les scientifiques s’attachent à eux. Tous les chats avaient des électrodes permanentes implantées chirurgicalement dans leur cerveau pour évaluer l’activité neurologique. Une partie de l’entraînement des chats aux vols spatiaux était similaire à celui des humains. Réalisée par le CERMA, elle comprenait l’utilisation de la chaise à trois axes de la centrifugeuse à force G élevée, avec un bruit de fusée simulé. L’entraînement spécifique des chats comprenait le confinement dans leur conteneur et l’expérience de la résistance au tissu de contention. Les animaux se sont entraînés pendant environ deux mois ; cette limite a été fixée par le risque de polarisation des électrodes.

VoltageEdit

L’équipe de lancement a commencé à se préparer sur le site de lancement le 8 octobre 1963. Le 11 octobre, la balise de cap est testée en la plaçant dans un hélicoptère et en la suivant avec des stations au sol. Le 12, la télémétrie dans le cône de nez a été testée sans succès, suivi d’un test réussi le jour suivant. Des problèmes ont été rencontrés lors du test de la balise d’autoguidage les 14 et 15, mais toute l’électronique a fonctionné de manière satisfaisante le 16 octobre.

Le 17 octobre, six finalistes félins ont été sélectionnés comme candidats pour le vol, et un chat tuxedo portant la désignation C 341 a été choisi pour le vol le jour du lancement, ainsi qu’un remplaçant. Pesant 2,5 kilogrammes (5,5 lb), le C 341 a été choisi comme le meilleur des six finalistes en raison de son comportement calme et de son poids approprié. Des électrodes ont été fixées à sa patte avant gauche et à sa patte arrière droite pour surveiller son activité cardiaque. Neuf électrodes avaient été préalablement implantées sur son crâne : deux dans le sinus frontal, une dans la zone somatique, deux dans l’hippocampe ventral, deux dans la zone réticulaire et deux dans le cortex d’association. Deux électrodes ont été collées sur une patte avant afin de pouvoir les stimuler par des impulsions électriques pendant le vol. Deux microphones, l’un sur sa poitrine et l’autre sur le nez de la fusée, surveillaient sa respiration. Le lanceur utilisé était la fusée-sonde Véronique AGI 47, fabriquée à Vernon, en Haute-Normandie. La fusée Véronique provenait de la famille des fusées allemandes Aggregate de la Seconde Guerre mondiale, développée pour l’Année géophysique internationale en 1957 pour la recherche biologique.

Le 18 octobre 1963 à 8h09, le C 341 a été lancé dans l’espace depuis le site du Centre interarmées d’essais d’engins spéciaux en Algérie. La mission était un vol sub-orbital et a duré 13 minutes. Le moteur de la fusée a brûlé pendant 42 secondes lors de l’ascension et le C 341 a subi une accélération de 9,5 grammes. Le cône de nez s’est séparé de la fusée avant d’atteindre une hauteur de 152 kilomètres (94 mi) et le chat a été soumis à cinq minutes d’apesanteur. Avant le déploiement des parachutes, la rotation et les vibrations du cône de nez ont provoqué 7 g d’accélération. Les parachutes se sont déployés 8 minutes et 55 secondes après le lancement, appliquant 9 g. Treize minutes après l’allumage de la fusée, un hélicoptère est arrivé à la charge utile. C 341 a été récupéré en toute sécurité, et la mission a fait d’elle le premier chat à atteindre l’espace.

Résultats et suitesEdit

Des données de haute qualité ont été enregistrées tout au long du vol, autres que les mesures réticulaires et les données enregistrées pendant la rentrée. Des chocs électriques ont été administrés à C 341 à un taux plus élevé que prévu. Elle était vigilante pendant la phase d’ascension, car elle était une charge utile dans une fusée. Pendant la phase de microgravité, son rythme cardiaque a ralenti et sa respiration est devenue nominale. La rentrée turbulente a provoqué une augmentation de son rythme cardiaque, mais la faiblesse des données a rendu l’analyse difficile. Les données biologiques du vol ont été communiquées aux médias, qui ont baptisé le C 341 « Félix », d’après la série de dessins animés Félix le chat. Le CERMA a changé le nom en Félicette et l’a adopté comme nom officiel. Félicette a été tué deux mois après le lancement afin que les scientifiques puissent effectuer une nécropsie pour examiner son cerveau.

Un deuxième chat a été lancé dans l’espace par les Français le 24 octobre. Un boulon explosif qui devait libérer la fusée de la rampe de lancement n’a pas fonctionné, ce qui a provoqué le lancement de la fusée à un angle extrême. Le transpondeur radio a cessé de fonctionner sur la rampe de lancement, ce qui a créé des difficultés pour trouver la fusée. Un hélicoptère a repéré le parachute mais n’a pas pu se poser, l’agence a donc envoyé des véhicules terrestres. Ils n’ont pas réussi à franchir des fils barbelés. Le lendemain, un hélicoptère a de nouveau été dépêché et a pu atterrir sur le site. Le cône de nez où était logée la charge utile était fortement endommagé et le chat était mort.

Sur les 12 autres chats qui ont été entraînés, le sort de 11 est connu. La santé d’un des chats se détériorant après l’opération des électrodes, les scientifiques les ont fait retirer. Le groupe l’a adoptée comme mascotte et lui a donné le nom de Scoubidou, car elle portait une tresse scoubidou autour du cou, un style populaire à l’époque. Les neuf autres chats ont été euthanasiés à la fin du programme.

La France a poursuivi ses recherches sur les charges utiles biologiques, en passant aux singes. Un singe connu sous le nom de Martine fut lancé le 7 mars 1967 et Pierrette six jours plus tard. Ils ont tous deux été récupérés avec succès. La France a conclu les recherches sur les charges utiles biologiques au niveau national avec ces vols, mais a ensuite travaillé sur des charges utiles biologiques avec l’Union soviétique dans les années 1970.

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