Charles VIII
Charles VIII est né à Amboise le 30 juin 1470. Il n’avait que 13 ans lorsqu’il succéda à son talentueux et ambitieux père, Louis XI, et sa sœur aînée Anne de Beaujeu servit de régente pendant les premières années de son règne. À cette époque, le problème le plus important auquel Charles doit faire face est la quasi-indépendance du duché de Bretagne, la dernière des puissantes principautés féodales dont les politiques indépendantes menacent sérieusement la stabilité politique de la France du XVe siècle. François II, duc de Bretagne, se rebelle contre Charles en 1484, mais le roi le vainc en 1488. Au cours de cette période, Charles est également impliqué dans la répression des soulèvements menés par son cousin Louis, duc d’Orléans, qui lui succédera plus tard. En 1491, Charles annexe la Bretagne en épousant Anne de Bretagne, qui avait hérité du duché de son père à sa mort en 1488. Ce mariage a placé la dernière des principautés indépendantes sous le contrôle de la Couronne.
À cette époque, Charles était libéré de l’influence de la régence, mais il était au mieux mal équipé pour faire face aux grandes difficultés du pouvoir. Un contemporain le décrit comme « très jeune, faible, volontaire, rarement en compagnie d’hommes sages … doté ni d’argent ni de sens. » Contrairement à la plupart des souverains de l’époque, Charles était à peine alphabétisé, et ses intérêts semblent avoir été absorbés par la lecture de récits d’aventures, d’histoire et de chevalerie plutôt que par l’étude des documents d’État.
En 1491, Charles était confronté à un certain nombre de problèmes importants. Les institutions politiques avaient besoin d’être réformées et changées ; le statut de l’Église était vague et une politique définitive des relations entre l’Église et l’État était nécessaire ; et des mesures fortes étaient requises pour renforcer l’économie. Malheureusement, Charles n’accorde pas une attention soutenue aux problèmes politiques et économiques de la France ; au lieu de cela, il est absorbé par un rêve chevaleresque et téméraire d’acquérir un autre royaume, Naples, pour lui-même. Ravivant une vieille et lointaine revendication angevine sur le trône de Naples, il mobilisa les ressources soigneusement ménagées par son père, échangea la plupart des avantages diplomatiques que la France avait acquis au cours du demi-siècle précédent et, en 1494, lança la plus grande armée d’invasion qui ait jamais pénétré en Italie du Nord.
En 1495, Charles tint brièvement Naples, mais il fut vaincu à Fornovo et battit en retraite précipitamment en France. La guerre que Charles a commencée en 1494 allait transformer l’Italie en un champ de bataille sur lequel la France et l’Espagne allaient s’affronter jusqu’à la paix de Cateau-Cambrésis en 1559. La campagne d’Italie de Charles l’amena à négliger presque complètement les affaires intérieures françaises, et de nombreux acquis obtenus sous le règne de son père furent anéantis. Mais son expédition a également eu d’importantes conséquences internationales ; son succès initial a montré à des souverains plus astucieux que l’Italie était une riche prise qui pouvait être prise par la force. L’armée française de Charles avait été défaite en partie par une armée espagnole, et c’était la première indication que les activités jusqu’alors indépendantes des principautés italiennes allaient être considérablement réduites par l’intervention de puissances plus fortes.
En dépit de son engagement de ressources françaises dans une expédition infructueuse en Italie, Charles VIII n’a pas notablement affaibli le pouvoir de la monarchie française. Les réalisations de Charles VII et de Louis XI avaient fait du roi le souverain de la France en pratique comme en théorie. Cette grande autorité royale était exercée dans un certain nombre d’institutions qui ont continué à proliférer et à se développer pendant le règne de Charles, malgré son utilisation du pouvoir royal dans des entreprises irréfléchies. On peut en tirer une leçon qui reste valable : il est difficile, même pour un roi faible et insensé, de porter atteinte à un appareil gouvernemental dont les bases ont été établies par des souverains astucieux et perspicaces. Dans des domaines autres que celui de l’autorité royale, Charles oblitère de nombreuses réalisations de son père. L’effet le plus désastreux de sa politique étrangère fut sans doute la formation de l’alliance antifrançaise de l’Espagne et du Saint-Empire romain germanique, qui dura jusqu’au XVIIIe siècle.
Charles VIII meurt sans enfant, à l’âge de 27 ans, le 7 avril 1498. Le duc d’Orléans, qui devient Louis XII, lui succède.