Biden remet le changement climatique à l’ordre du jour de la Maison-Blanche avec un ordre exécutif
Le président Joe Biden a immédiatement commencé à inverser les politiques de l’administration Trump sur le changement climatique avec l’un des 17 ordres exécutifs signés mercredi après son investiture.
Ceci s’ajoute à la démarche visant à rejoindre l’accord de Paris pour limiter les gaz à effet de serre qui changent le climat.
Après quatre ans de désintérêt fédéral pour la question, le décret demande à toutes les agences fédérales « de commencer immédiatement à travailler pour faire face à la crise climatique. »
Parmi ses diktats figure l’annulation de l’oléoduc Keystone XL, un projet qui, peut-être plus que tout autre, est devenu un symbole de la montée, de la chute et de la remontée de la politique climatique au cours des trois dernières administrations.
Keystone XL vise à relier les fosses de sable bitumineux de la province canadienne de l’Alberta aux raffineries de pétrole brut du sud des États-Unis. Ce pétrole boueux nécessite plus d’énergie pour être extrait et raffiné que le pétrole brut standard, son impact total sur le climat est donc encore plus important que celui des combustibles fossiles standard.
Les groupes environnementaux se sont fortement opposés à l’oléoduc. Ils ont persuadé le président de l’époque, Barack Obama, de tuer le projet en 2015.
Dominance énergétique
Dans un aperçu de son programme de « domination énergétique », le président de l’époque, Donald Trump, a relancé Keystone XL avec un décret signé quelques jours seulement après son entrée en fonction en 2017.
Trump a toujours privilégié la production nationale de combustibles fossiles par rapport aux réglementations environnementales. Il a assoupli les règles sur les fuites de méthane, un puissant gaz à effet de serre, provenant de l’exploitation du pétrole et du gaz naturel. Il a réduit la superficie des terres protégées dans les monuments nationaux pour permettre une plus grande extraction d’énergie. Il a affaibli les normes d’efficacité pour les appareils électroménagers et les véhicules, en disant que les normes rendaient ces articles plus chers.
Le décret de Biden entame le processus d’inversion de ces politiques. Il demande aux chefs d’agence d’envisager de « suspendre, réviser ou annuler » les règles de Trump.
Au total, l’administration Trump a assoupli plus de 100 règles environnementales, selon le New York Times.
L’ordre de Biden suggère qu’elles sont toutes remises sur la table. Il autorise toutes les agences « à revoir immédiatement […] les réglementations (f)édérales et autres actions au cours des quatre dernières années » traitant du climat et de l’environnement.
Et il tue Keystone XL. Encore une fois.
Dans l’ensemble, le pipeline ne serait qu’une minuscule partie de l’énorme système énergétique américain, qui génère plus de gaz à effet de serre que celui de tout autre pays, à l’exception de la Chine.
Mais à un moment où les États-Unis visent à revenir à la table des négociations dans le cadre de l’accord de Paris sur le climat, l’ordonnance indique que le pipeline « nuirait au leadership américain en matière de climat en sapant la crédibilité et l’influence des États-Unis pour inciter les autres pays à prendre des mesures climatiques ambitieuses. »
Le Sierra Club, un important groupe environnemental, a qualifié l’ordre de Biden de « victoire énorme et durement disputée. »
La Chambre de commerce des États-Unis, qui représente un large éventail d’entreprises américaines, l’a qualifiée de « décision politiquement motivée » qui « nuira aux consommateurs et mettra au chômage des milliers d’Américains dans les métiers du bâtiment. »
Les actions de Biden n’ont cependant pas toutes attiré l’ire du monde des affaires. Dans une déclaration séparée, la Chambre de commerce américaine a déclaré qu’elle « salue l’action du président Biden pour rejoindre l’accord de Paris sur le climat. »
Les groupes d’entreprises n’ont pas soutenu tous les démantèlements de Trump, ils pourraient donc ne pas s’opposer à un nouveau durcissement.
Les grandes compagnies pétrolières se sont opposées à l’affaiblissement des règles sur les fuites de méthane. Les constructeurs automobiles sont divisés sur les règles d’efficacité des véhicules de Trump.
De plus, plusieurs des règles de Trump sont contestées devant les tribunaux. L’ordre de Biden dit que son procureur général n’a pas à les défendre.
Réchauffement
En signant l’ordre, Biden a reconnu que ces actions exécutives sont « tous les points de départ » et que beaucoup plus devra être fait.
Et bientôt. L’année 2020 a été la deuxième plus chaude jamais enregistrée, juste à côté de 2016, selon la National Oceanic and Atmospheric Administration. Les sept années les plus chaudes de la planète ont toutes eu lieu depuis 2014.
Les États-Unis ne sont pas en voie de respecter leur promesse de Paris de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 26%-28% par rapport aux niveaux de 2005 d’ici 2025. Selon les experts, même les engagements pris par le monde dans le cadre de l’accord de Paris ne sont pas suffisants pour conjurer des niveaux potentiellement catastrophiques de réchauffement climatique.
Biden a proposé un programme agressif pour lutter contre le changement climatique, mais les décrets ne suffiront pas. Il aura besoin que le Congrès adopte une législation.
Avec une étroite majorité démocrate à la Chambre et un Sénat également divisé, la tâche ne sera pas facile. Les républicains des États producteurs de combustibles fossiles ont signalé leur opposition.
La politique de Biden « dès le premier jour, a nui aux travailleurs américains et à notre économie », a déclaré dans un communiqué la sénatrice de Virginie occidentale Shelley Moore Capito.
Son décret « se fait au détriment des familles à faible revenu et des familles rurales qui dépendent des industries opposées par les groupes environnementaux libéraux », a-t-elle dit. « Mes électeurs et moi-même n’avons pas oublié le préjudice apporté par cette approche sous l’administration Obama. »