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Les études de lésion sur des animaux adultes donnent aux chercheurs une capacité unique d’étudier le rôle fonctionnel de zones cérébrales spécifiques après le développement normal. Cependant, ces études n’abordent pas le rôle que ces structures jouent dans le développement lui-même.
Par exemple, les lésions de l’amygdale entraînent une sensibilité nettement réduite aux signaux de nouveauté et de menace chez les animaux adultes, mais on ne sait pas si le développement compensatoire ou la réorganisation du cerveau atténue ces effets ou leur gravité si les lésions surviennent à un jeune âge. Pour répondre à cette question, les dommages doivent être subis tôt dans la vie et le comportement doit être suivi au fil du temps.
Cette approche a été adoptée dans un projet ambitieux lancé en 2001 qui fait la chronique des effets des dommages néonatals de l’amygdale ou de l’hippocampe sur le développement du comportement social. Le dernier volet de cette étude longitudinale est publié dans Behavioral Neuroscience.
Moadab, Bliss-Moreau et Amaral (2015, Behavioral Neuroscience) (PDF, 136KB) ont enregistré le comportement social de singes macaques rhésus adultes (8 ans) ayant reçu des lésions bilatérales de l’amygdale ou de l’hippocampe ou une opération de contrôle fictif à l’âge de 2 semaines environ. Cette étude est unique car, contrairement à la plupart des expériences où les animaux sont testés dans un environnement nouveau ou avec un partenaire social nouveau, Moadab et ses collègues ont observé les singes dans leur cage d’origine en train d’interagir avec le compagnon de paires avec lequel ils vivaient. En d’autres termes, le comportement social a été observé dans un contexte familier et quotidien.
Dans l’ensemble, les chercheurs ont qualifié les déficits sociaux observés de subtils. Les animaux atteints de lésion de l’amygdale étaient moins sociaux que les animaux témoins, passant plus de temps actif mais hors de portée de leur compagnon de paire. Bien que les animaux atteints de lésion de l’amygdale ne diffèrent pas des animaux témoins en ce qui concerne le temps total passé à socialiser, ils passent beaucoup moins de temps à se toiletter. Sur la base d’autres travaux sur l’effet des lésions de l’amygdale, les auteurs supposent que les interactions sociales n’étaient pas gratifiantes pour les animaux présentant des lésions de l’amygdale, et qu’ils étaient donc moins motivés pour y participer. Les animaux atteints de lésions de l’amygdale présentaient également plus de stéréotypies (mouvements répétitifs ou rituels) et de comportements liés au stress lorsqu’ils étaient seuls.
La comparaison des résultats avec les travaux antérieurs avec cette cohorte révèle que les déficiences sociales suite à des lésions précoces de l’amygdale devenaient moins prononcées à mesure que les animaux devenaient adultes. En revanche, les animaux présentant des lésions précoces de l’hippocampe étaient plus sociaux que les témoins, passant plus de temps dans des interactions sociales étroites qu’ils étaient plus susceptibles d’initier. Par rapport aux études précédentes avec cette cohorte, cette hypersociabilité devenait plus prononcée au fur et à mesure de la maturation des animaux.
Compte tenu de la nouveauté de ce résultat et du fait que les dommages à l’hippocampe sont connus pour provoquer des changements très étendus dans le cerveau, la détermination de la cause de l’hypersociabilité chez ces animaux est un sujet important pour des recherches ultérieures.
Certains de ces résultats diffèrent des résultats précédents, probablement en raison des différences dans la façon dont les animaux ont été élevés et socialisés entre les études. Dans l’exemple peut-être le plus extrême, dans les études antérieures qui ont montré une augmentation des déficits comportementaux avec l’âge après des lésions de l’amygdale, les animaux ont été retirés de leur mère le jour de la naissance, alors que dans l’étude actuelle, où les déficiences sociales associées aux lésions de l’amygdale sont devenues plus subtiles avec le temps, les animaux ont été élevés avec leur mère jusqu’à l’âge de 6 mois.
Cela illustre la complexité de l’étude du développement du comportement social, car celui-ci est influencé par des facteurs environnementaux qui vont de l’histoire de l’élevage et de la socialisation au contexte dans lequel le comportement est observé.
Citation:
Moadab, G., Bliss-Moreau, E., &Amaral, D. G. (2015). Comportement social adulte avec des partenaires familiers après des dommages néonatals à l’amygdale ou à l’hippocampe. Behavioral Neuroscience, 129(3), 339-350. http://dx.doi.org/10.1037/bne0000062
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Note : Cet article fait partie du domaine thématique Psychologie expérimentale. Voir plus d’articles dans le domaine thématique Psychologie fondamentale/expérimentale.